La jouissance : un plaisir hors limites
Les sexologues ne se lassent pas de répéter que le cerveau est notre principal organe sexuel. Sans la sollicitation du vécu et des émotions qu’il a engrangées, le plaisir est condamné à rester enfermé dans ses limites corporelles.
Au-delà des différences physiologiques et psychologiques entre hommes et femmes, la jouissance exige un climat particulier fait de désir, de confiance et de respect. Impossible de s’abandonner dès lors que l’on s’attache trop au plaisir de son partenaire ou au sien propre : on réduit immanquablement l’autre à un objet de plaisir, ou soi-même, à un objet narcissique. « Pour qu’il y ait jouissance, il faut que j’aime et que je me sente aimée, explique Ericka, 33 ans. Même si ça ne dure que le temps de l’échange. Je ne peux pas envisager d’avoir du plaisir sans aimer le regard, les gestes, le corps de l’homme avec qui je fais l’amour. Sans cela, il n’y a pas pour moi de jouissance possible. »
S’il est vrai que les seuls sentiments ne suffisent pas à intensifier l’échange, lorsque sensualité, imaginaire érotique et affects sont réunis, le plaisir peut atteindre une autre dimension. Il n’est plus réduit à un réflexe mécanique, il peut devenir une expérience qui dépasse les limites corporelles. Cette plénitude dans la jouissance, Gérard Leleu n’hésite pas à la qualifier de « transcendante », au sens premier du terme : « Quand le plaisir s’inscrit dans une relation de partage et d’amour, de connaissance de soi et de l’autre, c’est l’être tout entier qui décolle. D’abord parce que, physiologiquement, on baigne dans un flot d’endomorphines, des molécules euphorisantes, et psychiquement, parce qu’on se sent vraiment en communion avec son partenaire. »
Jeanne, 39 ans, a attendu l’âge de 35 ans pour découvrir ce qu’elle appelle le « plaisir total ». « J’ai eu du plaisir sexuel au cours de mes relations, mais je ne savais pas que je pourrais un jour connaître des émotions et des sensations d’une telle intensité. Même au niveau purement physique. Il faut dire que c’est la première fois que je réunis dans une même relation passion physique et amour. Je me connais mieux, c’est un fait, mais ce que je vis avec Henri me permet de repousser chaque fois les limites du plaisir. »
Il y a une graduation dans le plaisir. On peut rester éternellement cantonné à un niveau ou choisir d’aller plus loin, plus haut. A condition de sortir de la quête de performance et en libérant ses émotions. Ce lâcher-prise dans la confiance allège les hommes des angoisses liées à leur érection et favorise une sensualité inventive qui permet aux femmes de se laisser aller pleinement à leur désir, à leur plaisir. On sait que les amants les plus sensuels, les plus inventifs, sont ceux qui explorent avec curiosité et virtuosité toute la gamme des sens et des fantasmes. Pour eux, l’essentiel n’est pas la quête de l’orgasme, mais la jouissance déclinée à l’infini dans la tête et le corps.
Orgasme simultanné : Un cadeau, pas un but
On croyait ce fantasme réservé aux films érotiques. A tort ! Le mythe de l’orgasme simultané est tenace, partagé aussi bien par la population féminine que masculine. S’il survient plus fréquemment dans les couples se connaissant bien et pouvant « se caler » assez facilement l’un sur l’autre, il peut aussi être déclenché par les manifestations de l’approche de l’orgasme de l’autre. Mais, parce qu’il exige de l’homme le contrôle de son érection et de son éjaculation, cet orgasme est souvent plus fantasmé que vécu.
C’est pourquoi dans la pratique, cet idéal de partage de la jouissance peut tourner à la course contre la montre. « Rechercher systématiquement l’orgasme simultané est une erreur, explique Jean-Luc Thoréton, sexologue. Cette démarche donne la priorité au contrôle, donc coupe l’individu de son ressenti corporel et émotionnel. »
Partager le point culminant du plaisir exige que chacun accorde son rythme à celui de l’autre. « Or, pour atteindre l’orgasme, c’est son propre rythme que l’on doit suivre, et non celui de son partenaire », poursuit le sexologue. Un avis partagé par Sylvain Mimoun, andrologue et gynécologue, qui « conseille de vivre l’orgasme simultané comme un cadeau et non d’en faire la mesure étalon d’un rapport sexuel réussi ».
http://danylov-magazine.blogspot.com/2014/08/jouir-avec-ou-sans-orgasme-partie-2_27.html
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