Quand on se lave la touffe, qu’est-ce qu’on doit laver, concrètement ?
On lave uniquement la vulve, JAMAIS le vagin. La vulve, c’est la zone clitoridienne, les grandes et petites lèvres et un bout du vestibule, bref tout ce qui constitue la partie externe du sexe (le bordel plein de plis et de recoins, voilà, c’est ça. Eh bien ce n’est pas sale et ça ne mord pas).
Le vagin n’a donc pas à être lavé, ni douché à l’aide d’instruments de torture. Non, non, je ne plaisante pas : poires vaginales et autres fantaisies sont des instruments de torture, nocifs pour notre petit intérieur. Laissons le vagin tranquille : il a sa propre flore, son équilibre. Alors en l’absence de tout symptôme, on ne s’occupe pas de lui.
A quel rythme doit-on se laver la vulve ?
Deux fois par jour maximum. Une fois minimum. Je n’ouvre pas de débat, je n’entre pas dans les détails, chacune fait comme elle veut, moi je parle d’hygiène et je m’appuie sur divers avis médicaux qui se rejoignent tous : pas la peine de se lancer dans une querelle de convictions ni de revenir sur les témoignages de femmes qui affirment se laver tous les trois jours et s’en porter très bien. On peut être en bonne santé et sentir mauvais parce qu’on ne se lave pas tous les jours, tout comme on peut provoquer des mycoses à cause d’un excès d’hygiène. Se laver la vulve quotidiennement semble être une attitude raisonnable et pertinente.
Gels de toilette intime, produits spécialisés en foufounes sensibles, c’est utile ou c’est de la connerie ?
Dans l’absolu (sur une vulve ne présentant pas de symptômes), c’est de la connerie, mais on a du bol : en général ces produits à touffe ne sont pas nocifs.
Explication : quoi que vous puissiez lire sur les étiquettes de ces produits, et quelles que soient les merveilleuses promesses du genre : « Spécialiste de l’hygiène intime, GelTouffe est essentiel à votre hygiène et son pH physiologique respecte la sensibilité de cette zone fragile qui mérite une attention particulière et un produit adapté, et si vous ne l’utilisez pas votre chatte va se recroqueviller et pourrir », vous êtes en présence de produits purement cosmétiques répondant à un impératif commercial. Ces produits ne sont pas des traitements, ni des médicaments [1], et leurs prétentions sont aussi mercantiles et aléatoires que la promesse du déo qui dure 96h sous un soleil de plomb, ou l’assurance des rides qui disparaissent à 78,9 % après trois semaines d’applications pour 37,25 femmes.
Précision importante : l’utilisation d’un gel spécifique à la toilette intime n’aide pas à préserver l’équilibre de la flore vaginale, contrairement à ce qu’on peut lire sur certaines étiquettes. La flore vaginale, comme son nom l’indique, est située dans le vagin, pas sur la vulve.
Ce qui est vrai en revanche, c’est que des muqueuses vulvaires irritées par une hygiène trop agressive ou défaillante (d’où macération) peuvent être sources de prolifération de tout un tas de cochonneries, qui provoqueront démangeaisons et brûlures. Mais NON, un gel spécifique n’est pas nécessaire pour l’hygiène des muqueuses vulvaires et NON, ça n’influera pas sur la flore vaginale. Rééquilibrer la flore vaginale relève des compétences du médecin, qui pourra prescrire des médicaments dans ce but, et/ou donner des conseils supplémentaires destinés à compléter un traitement.
En fait, ce dont votre sexe a besoin pour être propre et protégé des infections et des germes en tous genres, ce n’est pas d’un spécialiste en flacons pastel et marketing spécial touffe, mais d’une hygiène régulière et simple, avec un produit adapté, non pas à votre sexe, mais à votre peau dans son ensemble.
Les gels lavants spécifiques à la toilette intime sont donc inutiles, du moment que votre savon ou gel lavant habituel n’irrite pas vos muqueuses. Si votre vulve est irritée par le produit que vous utilisez pour vous laver le corps, c’est que ce produit est trop décapant ou agressif dans sa globalité (donc il ne fait pas de bien à votre peau, pas plus qu’à vos muqueuses). Changez-en et optez pour un gel sans savon ou un savon doux et de bonne qualité.
En cas de symptômes précis, on consulte son médecin qui peut conseiller un produit précisément adapté au problème : à ce moment-là, c’est en pharmacie ou para-pharmacie qu’on ira l’acheter, mais on reste dans le cadre d’un produit cosmétique. Ce n’est pas parce que c’est conseillé par le médecin que c’est un médicament. Oui, même les gels de type Saforelle, Hydralin [2] et autres marques vendues en pharmacie et para-pharmacie ne sont pas des médicaments mais bien des produits cosmétiques.
Si le médecin prescrit/conseille un antiseptique (comme le Septivon par exemple, qui est un gel à la chlorhexidine à la fois détergent et bactéricide), ce ne peut être que pour une utilisation ponctuelle liée au risque de lésions surinfectées. On ne lave pas le sexe féminin avec un antiseptique de façon permanente.
Et les lingettes pour l’hygiène intime ?
Connerie également. Je comprends tout à fait qu’on puisse les utiliser ponctuellement pour se rafraîchir. Et dans certaines circonstances, c’est difficilement contestable (exemple classique : une journée de boulot suivie d’un rendez-vous sexuel avant lequel on n’a pas forcément le temps de passer à la douche, et puis on a eu chaud, et on a envie d’être un peu fraîche dans sa culotte… Ça ne se discute pas, ce genre de choses). Mais par pitié, n’en faites pas un produit d’utilisation quotidienne. D’autant que certaines contiennent de l’alcool.
Au secours.
Du coup, avec quoi on la lave, notre foufoune ?
Avec qui convient le mieux à chacune : certaines optent pour le savon de Marseille alors que d’autres ne le supportent pas. Il faut chercher et trouver un produit qui n’irrite pas et ne brûle pas. Mais en aucun cas on n’est obligée de choisir un produit spécifique, réservé à la vulve. Si on trouve un savon ou gel lavant qui convient à tout le corps, on ne se prend pas la tête et on l’utilise également pour la vulve. Je ne dis pas qu’il est nocif d’adopter un gel lavant spécifique à la toilette intime, je dis juste que ce n’est pas nécessaire.
Pour les peaux sensibles, très sèches et/ou atopiques, on peut trouver des produits lavants très doux pour le corps en pharmacie et para-pharmacie. Un peu plus chers que ceux vendus dans le commerce, non parfumés et peu moussants, ce qui ôte le côté « visible » du récurage, mais efficaces. On en utilise assez peu, et ils restent rentables, mais je conseille de ne pas monter à plus de 10 € le flacon : au-delà de ce tarif, c’est un peu du foutage de gueule. Packaging et marques sont facturés à prix prohibitif, pour des résultats équivalents à des produits moins chers.
Rappel : on lave la vulve avec les doigts. Pas avec un gant de toilette. Et on n’insère pas les doigts dans le vagin, qui n’a pas besoin qu’on s’occupe de lui pendant la toilette.
Lui, il se nettoie tout seul.
Le cas particulier de la toilette post-coïtale
Après les rapports sexuels, il peut être bienvenu de se laver mais cela relève de la sensibilité de chacune : il n’y a pas urgence à se décaper, le sperme n’est pas sale, et la salive non plus. Ceci dit, la macération peut provoquer démangeaisons et irritations. Ça, c’est à chacune de voir…
Dans le cas où, pour des raisons de confort et de perception de l’échange des fluides, on ressent le besoin de se laver, on procède de la façon la plus simple. Tout d’abord, on va aux toilettes et on vide sa vessie (ça évite aux bactéries éventuelles qui se baladent au niveau de l’urètre de provoquer une infection urinaire : en gros, aller faire pipi c’est un peu comme un « rinçage » ou une « vidange »), et ensuite on se lave avec de l’eau et le savon qui-va-bien, sans agresser la vulve.
S’il y a eu éjaculation dans le vagin et qu’on craint une « coulée » de sperme, on résiste également à l’envie d’aller laver le vagin : c’est nocif, c’est MAL (ouais, je culpabilise la lectrice, je suis horrible, mais j’assume). Si on ne supporte pas l’idée de sentir du sperme s’écouler dans les heures qui suivent, on contracte son périnée et on « pousse » pour évacuer le sperme du vagin. Puis on se lave normalement. Ça fonctionne bien.
Les cas particuliers des « périodes de notre vie » qui servent d’argument commercial aux vendeurs de produits d’hygiène intime : grossesse, ménopause, retour de couches…
Pas plus là qu’en temps « normal » il n’est nécessaire d’utiliser un produit particulier. Quel que soit le fluide qui s’écoule de notre vagin selon les différentes périodes de notre vie et au gré des événements qui la jalonnent (grossesse, suite de couches, etc), les principes de base pour l’hygiène de la vulve restent les mêmes : on lave avec un produit non agressif, non décapant, sans avoir besoin d’un gel lavant spécifique à la foufoune.
Si les modifications hormonales et les pertes particulières qui accompagnent certaines périodes précises provoquent des désagréments, la solution à ces petits ou gros soucis relève des compétences d’un médecin ou d’une sage-femme, et non de celles (souvent usurpées) de l’industrie cosmétique.
Quand on saigne, on choisit donc les protections qui nous conviennent le mieux, et on se lave correctement, comme d’habitude ; et quand on ne saigne pas mais qu’on a des pertes, on se lave et on veille à éviter la macération et les sous-vêtements non adaptés. Tout le reste, hors symptômes médicalement constatés bien sûr, c’est du superflu.
Les protège-slips : bonne idée ou fumisterie ?
Fumisterie. Sans hésiter. Après réflexion, et pour ne pas charger cet article qui est déjà long, je ne vous infligerai pas les données financières concernant le formidable marché du protège-slip ou les discutables questions de leur composition non-écologique, mais pour résumer (et en toute logique), disons que réussir à faire croire aux femmes que même en dehors de leurs règles elles ont besoin de serviettes hygiéniques – car le protège-slip, c’est une simple serviette hygiénique, dans un autre emballage et sous un autre marketing -, c’est une merveilleuse façon d’étendre le business de la protection périodique au mois entier. Gain décuplé.
Le protège-slip est inutile. Les pertes blanches, en dehors d’infections précises diagnostiquées par un professionnel de santé, sont normales. Le sexe féminin est lubrifié, et OUI, ça peut humidifier la culotte. Dans le cadre d’une bonne hygiène intime, les pertes ne sont pas malodorantes. Si elles le sont, c’est qu’il y a un problème précis : de santé, ou de choix des matières pour les sous-vêtements. On ne le répète pas assez apparemment : les sous-vêtements en matières synthétiques favorisent transpiration et macération, avec odeurs désagréables et irritations comme résultat probable. Les pantalons trop serrés n’aident pas non plus.
Et porter un protège-slip ne résoudra en rien ces petits soucis, bien au contraire : cela protégera vos sous-vêtements mais pas votre sexe. C’est même l’inverse : les propriétés absorbantes des protège-slips assèchent les muqueuses, et peuvent provoquer des irritations.
Voilà, je crois que j’ai à peu près fait le tour. Je compléterai si besoin, ou au fil des suggestions.
[1] Un médicament est une substance dont la définition est donnée par l’article L.5111-1 du code de la Santé Publique, en ces termes : « On entend par médicament toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que toute substance ou composition pouvant être utilisée chez l’homme ou chez l’animal ou pouvant leur être administrée, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou métabolique. ».
À noter qu’une même entreprise peut tout à fait commercialiser des médicaments ET des produits cosmétiques.
[2] La marque Hydralin commercialise toute une gamme de gels lavants mais le produit Gyn Hydralin est bien un médicament.
http://danylov-magazine.blogspot.com/2014/09/toilette-intime-pourquoi-comment.html
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